Rambam - 1 chapitre par jour
Lois relatives à la prière : Chapitre Cinq
Lois relatives à la prière : Chapitre Cinq
1. Celui qui prie doit prendre garde à observer huit choses. Et s’il est dans une situation de difficulté, ou dans un cas de force majeure [une maladie par exemple], ou s’il transgresse et ne fait pas [ces choses-là], cela n’empêche pas [sa prière d’être valide]. Ce sont : être debout, être orienté vers le Temple, la position du corps, le soin de la tenue, le choix de l’endroit, le contrôle de la voix, l’inflexion et la prosternation.
2. « Être debout ». Quel est le cas ? On ne doit prier que debout. Si l’on est assis dans un bateau ou dans une charrette, [la règle suivante est appliquée :] si l’on peut se mettre debout, on se met debout. Sinon, on prie assis à l’endroit où l’on se trouve. Un malade peut prier même allongé sur le côté, pourvu qu’il puisse se concentrer. De même, celui qui a faim ou soif est considéré comme malade, [par conséquent :] s’il est capable de se concentrer, il prie. Et sinon, il ne prie pas avant d’avoir mangé et bu. S’il chevauche un animal, bien qu’il y ait quelqu’un qui tienne son animal, il ne descend pas, mais prie assis où il se trouve, afin d’avoir l’esprit tranquille.
3. « Être orienté vers le Temple ». Quel est le cas ? Si l’on se trouve en dehors de la Terre [d’Israël], on tourne son visage vers la Terre d’Israël pour prier. Si l’on se trouve en Terre [d’Israël], on oriente son visage vers le Temple. Si l’on se trouve dans le Temple, on oriente son visage vers le Saint des saints. Une personne aveugle, celui qui ne parvient pas à déterminer les directions, et celui qui est en bateau, orientent leurs cœurs vers la Présence Divine et prient.
4. La position du corps. Quel est le cas ? Pendant la prière, il faut se tenir pieds joints. On dirige ses yeux vers le bas, comme si l’on regardait le sol., et le cœur vers le haut, comme si l’on se tenait dans les cieux. Il faut serrer ses mains, [main] droite sur [main] gauche, sur la poitrine, et se tenir comme un esclave devant son maître dans la peur, la crainte, et l’effroi. On ne doit pas poser les mains sur les hanches.
5. La tenue vestimentaire. Quel est le cas ? On arrange sa tenue, [et on s’habille] avec élégance, ainsi qu’il est dit : « Prosternez-vous devant l’Eternel, dans la splendeur de la sainteté ». On ne doit pas se tenir dans la prière avec un [simple] tricot de corps, ni avec la tête découverte, ni pieds nus si l’usage local est de se tenir devant les gens importants avec des chaussettes. Quel que soit l’endroit, on ne doit pas tenir des téfiline à la main ou un rouleau de la Torah au bras en priant, parce que l’on est ainsi préoccupé [à ce qu’ils ne tombent pas]. On ne doit pas tenir des ustensiles, ni de l’argent à la main. On peut toutefois prier en ayant le loulav à la main durant les jours de la fête de Souccot, parce que c’est la mitsva du jour. Si l’on a une charge sur la tête, et qu’arrive l’heure de la prière, [la règle suivante est appliquée :] si [la charge est] inférieur à quatre kabim, on la jette sur son épaule pour prier. Si elle [la charge] est [supérieure ou] égale à quatre kav, on la pose sur le sol pour prier. Tous les sages et leurs disciples ne prient qu’enveloppés [d’un châle].
6. Le choix de l’endroit. Quel est le cas ? On se tient dans un endroit bas, le visage vers le mur. Il faut faire des fenêtres ou des entrées en direction de Jérusalem afin de prier face à celles-ci, comme il est dit : « Il avait, dans sa chambre supérieure, des fenêtres ouvertes [dans la direction de Jérusalem] ». Il faut avoir une place fixe pour la prière. Il ne faut pas prier dans une ruine, ni derrière une synagogue, sauf si l’on tourne le visage vers la synagogue. Il est défendu de s’asseoir à côté de quelqu’un qui est en train de prier, et de passer devant lui à moins de quatre coudées de distance.
7. On ne doit pas se tenir sur un endroit surélevé de trois téfa’him ou plus pour prier. [Il ne faut] pas non plus se tenir sur un lit, un banc, ou un siège. Un plancher surélevé, s’il a [une surface supérieure ou égale à] quatre coudées sur quatre coudées, ce qui correspond à la surface [minimale] d’une maison, est considéré comme un étage, et il est permis de prier dessus. De même, s’il [cet édifice] est entouré de murs de tous les côtés, même s’il n’y a pas [une surface de] quatre coudées sur quatre coudées, il est permis de prier dessus, car sa hauteur n’est pas visible, puisqu’il forme un domaine en soi.
8. Quand des ouvriers font un travail en haut d’un arbre, en haut d’une planche [de bois utilisée pour construire un mur en terre], ou en haut d’un mur, et qu’arrive le temps de la prière, ils redescendent et prient, et retournent à leur travail. S’ils se trouvent en haut d’un olivier, ou en haut d’un figuier, ils prient à l’endroit où ils se trouvent, parce que leur dérangement est important. Que prient-ils ? S’ils travaillent pour la pension uniquement, ils récitent trois prières de dix-neuf bénédictions. Et s’ils sont rémunérés [outre la pension], ils récitent Habineinou (« Donne-nous l’intelligence… »). Quoi qu’il en soit, ils ne doivent pas participer à la prière communautaire, ni lever les mains [s’ils sont cohen pour bénir le peuple].
9. Le contrôle de la voix. Quel est le cas ? On ne doit pas élever la voix dans la prière, ni prier en son cœur [sans prononcer les mots] ; plutôt, on prononce les mots avec les lèvres et on fait entendre à ses oreilles [ce que l’on dit] à voix basse. On ne doit pas élever la voix, à moins que l’on soit malade ou que l’on ne puisse se concentrer sans entendre sa voix, [dans ce cas,] cela est permis, sauf en communauté, afin que les autres ne soient pas dérangés par sa voix.
10. Les inflexions [du buste]. Quel est le cas ? Celui qui prie s’incline cinq fois au cours de chaque prière : au début et à la fin de la première bénédiction, au début et à la fin de la [bénédiction de] reconnaissance, et lorsqu’il termine la prière, il s’incline et recule trois pas en arrière en étant incliné, et salue à sa gauche et à sa droite, puis relève la tête. Lorsqu’il se courbe les quatre fois [au milieu de la prière], il se courbe [en prononçant le mot] « Béni », et se redresse [en prononçant] le nom [de D.ieu]. Dans quel cas cela s’applique-t-il ? Pour une personne ordinaire. En revanche, un grand prêtre s’incline au début et à la fin de chaque bénédiction, et le roi, une fois qu’il s’incline dans la première bénédiction, ne relève plus la tête avant jusqu’à ce qu’il termine sa prière.
11. Pourquoi salue-t-on à gauche en premier lieu ? Parce que sa gauche [de celui qui prie] est la droite par rapport à Sa face [de D.ieu] ; lorsqu’on se trouve devant un roi, on donne le salut à la droite du roi, puis, à la gauche du roi. Ils [les sages] ont établi que l’on quitte la prière de la même manière que l’on prend congé d’un roi.
12. À chaque inflexion, il faut se courber au point que toutes les vertèbres de la colonne vertébrale fassent saillies, et que l’on forme un arc. Si l’on s’infléchit légèrement, en faisant un effort, qui montre que l’on se courbe de toutes ses forces [par exemple, dans le cas d’une personne malade ou âgée], cela est suffisant.
13. La prosternation. Quel est le cas ? Après avoir redressé la tête après la cinquième inflexion, on s’assoit sur le sol, tombe face à terre, et on adresse toutes les supplications que l’on désire. L’inflexion mentionnée partout se fait [en fléchissant] les genoux [génuflexion], la kida se fait [en s’inclinant] le visage [à terre] , et la prosternation consiste à étendre mains et pieds, jusqu’à ce que l’on soit étendu le visage à terre.
14. Pour les supplications après la prière, d’aucuns font une kida, et d’autres se prosternent. [Toutefois,] il est défendu de se prosterner sur des pierres ailleurs en dehors du Temple, comme nous l’avons expliqué dans les lois relatives à l’idolâtrie. Un homme important n’a pas le droit de tomber sur sa face, à moins qu’il sache lui-même qu’il est un juste comme Josué [et est certain d’être exaucé]. Il peut toutefois incliner légèrement la tête, sans la plaquer contre le sol. Il est permis de prier à un endroit, et d’adresser les supplications dans un autre endroit.
15. Il est une coutume établie parmi tout le peuple juif qu’il n’y a pas de supplications le Chabbat, les jours de fête, Roch Hachana, les Roch Hodech, Hanoucca, Pourim, Min’ha de la veille de Chabbat et des jours de fête, la prière du soir de chaque jour. Quelques particuliers adressent des supplications à la prière du soir. Le jour de Kippour uniquement, on adresse des supplications à chaque prière, parce que c’est un jour de supplications, de requêtes, et de jeûne.