Rambam - 1 chapitre par jour
Lois relatives aux ustensiles : Chapitre Onze
Lois relatives aux ustensiles : Chapitre Onze
1. Quelle doit être la cassure d’un ustensile en métal pour qu’il ne soit plus susceptible de contracter l’impureté, ou qu’il soit purifié de son impureté ? Tout dépend de sa nature.
2. Tant que l’ustensile peut être utilisé de manière similaire à sa propre fonction, il a toujours le statut d’un ustensile, et est considéré comme un ustensile entier. Comment cela s'applique-t-il ? Un récipient [seau] en fer qui s’est brisé, et qui peut être utilisé pour puiser [de l’eau] est [considéré comme] un ustensile comme auparavant. Une bouilloire [reste un ustensile] si on peut y chauffer de l’eau, une grande bouilloire [rempli d’eau qui y est chauffé dans lequel on rince et on nettoie les cruches reste un ustensile viable] si elle peut contenir des séla [larges pièces de monnaie]. [Le trou d’]un chaudron [doit être suffisamment petit] pour qu’il [le chaudron] puisse contenir des cruches en fer [qui y sont lavées]. [Le trou d’]une cruche [doit être suffisamment petit] pour qu’elle puisse contenir des péroutot [petites pièces de monnaie]. Les mesures de vin [sont susceptibles de contracter l’impureté] si elles peuvent servir à mesurer du vin [c'est-à-dire que le vin ne coule pas par le trou]. Et de même, les mesures d’huile doivent pouvoir servir à mesurer l’huile. La passoire pour la moutarde, où trois [petits] trous ont pénétré l’un dans l’autre [c'est-à-dire que les trois trous forment maintenant un gros trou], est pure [non susceptible de contracter l’impureté] parce qu’elle ne peut pas être utilisée de manière similaire à sa fonction. Une louche [pour remuer un mets] dont la partie creuse a été retirée, bien qu’elle soit [c'est-à-dire que son manche puise être utilisé] comme un marteau, car elle ne peut pas être utilisée pour la nature de sa propre fonction, mais pour la fonction d’un marteau, et elle n’a pas été faite pour frapper comme un marteau. Et de même pour tout ce qui est semblable.
3. Une carde à laine dont les pointes ont été retirées, s’il en reste trois [pointes] à un endroit, est susceptible de contracter l’impureté. Si l’une des trois est [la pointe] extérieure [qui est plus large et ne peut pas être utilisée pour le cardage], elle [la carde] est pure [non susceptible de contracter l’impureté]. Si deux [pointes] sont retirées de la carde et qu’on en fait [de ces deux pointes] une pince à épiler, elles sont susceptibles de contracter l’impureté. [Si] une [pointe est retirée] et qu’on l’adapte pour [l’utiliser] avec une lampe [pour retirer la mèche], ou pour enrouler autour un fil pour la broderie, elle est susceptible de contracter l’impureté. Et si la pointe est épaisse et grande, bien qu’elle n’ait pas été adaptée [pour un usage particulier], elle est susceptible de contracter l’impureté séparément.
4. Une carde à lin dont les dents ont été retirées, et il en reste deux, est susceptible de contracter l’impureté. S’il en reste une seule, elle est pure [non susceptible de contracter l’impureté].
5. Si des grappins [simples manches de bois avec un crochet à leur extrémité auquel est attaché une cruche pour puiser de l’eau] se sont cassés, et que leur crochet est intact, ils sont susceptibles de contracter l’impureté, parce qu’il est possible de les utiliser pour tirer un seau du puits comme auparavant.
6. Une scie dont une dent sur deux a été retirée est pure [non susceptible de contracter l’impureté]. S’il reste [dans la scie une partie correspondant à] la longueur d’un sit [quatre doigts] à un endroit, elle est susceptible de contracter l’impureté, parce qu’il est possible de scier avec la partie restante.
7. L’herminette, le couteau [tranchant à son extrémité], le rabot, et le foret qui ont été détériorés [fêlés dans la partie en fer], sont toujours susceptibles de contracter l’impureté. Si la partie en acier [qui sert à la fonction de l’outil, cette partie étant la principale de l’outil] est retirée, ils sont purs [non susceptibles de contracter l’impureté]. Et s’ils sont fendus en deux [sur la longueur], ils sont susceptibles de contracter l’impureté, à l’exception du foret, parce qu’il ne peut pas être utilisé pour trouer. Et le bloc [en bois] du rabot n’est pas susceptible de contracter l’impureté séparément, parce qu’il est une partie d’un ustensile.
8. L’épée, la couteau, le couteau tordu comme une faucille, la lance, la faucille à main [utilisée pour les besoins ménagers], la faucille [utilisée] pour la moisson, la paire de petits ciseaux des particuliers et la paire de grands ciseaux des coiffeurs qui se sont démontés [les différentes parties se sont détachées sans toutefois se casser], chacune des parties est susceptible de contracter l’impureté, parce qu’elle peut être utilisée pour la nature de sa fonction.
9. Un rasoir qui s’est brisé en deux est pur [non susceptible de contracter l’impureté], parce qu’il ne permet que difficilement d’enlever les poils.
10. Une cotte de mailles qui a été coupée dans sa longueur est pure [non susceptible de contracter l’impureté]. [Si elle a été coupée] dans le sens de la largeur [il reste donc une partie qui protège le corps sur toute sa largeur], [la règle suivante est appliquée :] si elle peut être utilisée pour une activité similaire à sa propre fonction [susceptible de contracter l’impureté]. A partir de quand devient-elle pure ? Dès qu’elle est usée [détériorée par la rouille] et ne peut pas être utilisée de manière similaire à sa fonction propre. Si elle devient usée mais qu’il reste la majeure partie, [la règle suivante est appliquée :] si [c’est la partie] d’en haut [qui recouvre le haut du corps, elle est susceptible de contracter l’impureté. Et si c’est [la partie d’]en bas, elle est pure [non susceptible de contracter l’impureté]. Si on la coupe et qu’on en faire une partie d’un ornement, elle [cette pièce] est susceptible de contracter l’impureté.
11. Le tube des orfèvres, des verriers [qui fabriquent des ouvrages en verre, c'est-à-dire la canne des souffleurs], des forgerons et des verriers [qui fabriquent le verre à partir du sable] qui est fendu sur sa longueur est pur [non susceptible de contracter l’impureté. [S’il est fendu] sur sa largeur, [la règle suivante est appliquée :] s’il peut servir de manière similaire à sa fonction initiale, il est susceptible de contracter l’impureté. Et sinon, il est pur [non susceptible de contracte l’impureté].
12. La tablette des coiffeurs, des médecins et des verriers qui est cassée en deux est pure [non susceptible de contracter l’impureté], et celle des forgerons [ustensile avec des clous à son extrémité au moyen desquels on sort le fer brûlant] est susceptible de contracter l’impureté parce qu’il [le forgeron] l’utilise a priori pour retirer les braises et il peut toujours les utiliser pour retirer les braises.
13. Un miroir en métal qui a été brisé ou qui a perdu son éclat, s’il ne reflète pas la majeure partie du visage, il est pur [non susceptible de contracter l’impureté]. S’il reflète la majeure partie du visage, il garde le statut d’ustensile comme auparavant.
14. Une aiguille dont le chas ou la pointe a été retiré est pure [non susceptible de contracter l’impureté]. Et si on l’adapte pour enrouler un fil autour de manière à ce qu’elle soit utilisable pour broder, elle est susceptible de contracter l’impureté. Par contre, l’aiguille pour les sacs [vêtements épais faits de poils de chèvre, qui sont plus épaisses que les aiguilles normales] dont le chas a été retiré est susceptible de contracter l’impureté, parce qu’il utilise sa seconde extrémité pour graver des marques.
15. Une aiguille autour de laquelle on enroule la laine écarlate, [la laine] dorée ou ce qui est semblable, à la manière des brodeurs, que le chas ou la pointe ait été retirée, elle est susceptible de contracter l’impureté, parce qu’elle n’est pas faite pour coudre.
16. Une aiguille qui est devenue rouillée, si cela empêche la couture, elle est pure [non susceptible de contracter l’impureté]. Et sinon, elle est susceptible de contracter l’impureté.
17. Une épée et un couteau qui sont devenus rouillés sont purs [non susceptibles de contracter l’impureté]. Si on frotte [l’épée] et qu’on aiguise [le couteau], ils reprennent leur statut antérieur d’impureté. Et de même, un crochet [d’un fuseau] qui est redressé, il est pur [non susceptible de contracter l’impureté]. S’il est [à nouveau] courbé, il reprend son statut antérieur d’impureté.
18. Une clé qui a une forme courbe comme un genou qui est brisée au niveau du genou [de la courbure], est pure [non susceptible de contracter l’impureté]. Et de même, une clé en forme de gamma [Г] qui est brisée au niveau du gamma, est pure [non susceptible de contracter l’impureté], parce qu’elle ne peut pas être utilisée pour ouvrir [la porte], et par conséquent, ne peut pas être utilisée de manière similaire à sa propre fonction. Si elle a des dents et des trous, elle est susceptible de contracter l’impureté, car elle a encore le statut de clé. Si les dents sont retirées, elle reste susceptible de contracter l’impureté du fait des trous [qui peuvent être utilisés pour leur fonction]. Si les trous sont bouchés, elle est susceptible de contracter l’impureté, du fait des dents. Si les dents sont retirées et les trous bouchés ou que les trous pénètrent l’un dans l’autre [et ne sont plus distincts], elle est pure [non susceptible de contracter l’impureté].
19. Un ustensile à l’extrémité duquel il y a un cuiller pour retirer les cendres et à l’autre extrémité une fourchette pour griller de la viande, si le cuiller est retiré, elle est susceptible de contracter l’impureté du fait des dents [de la fourchette]. Si les dents sont retirées, il est susceptible de contracter l’impureté du fait du cuiller. Et de même, un pinceau à mascara dont le cuiller [partie creuse] utilisé pour retirer le fard est susceptible de contracter l’impureté du fait du pinceau [l’autre extrémité, aigue] utilisée pour appliquer le mascara sur l’œil. Si cette dernière est retirée, il est susceptible de contracter l’impureté du fait du cuiller.
20. Un ustensile qui a à son extrémité un cuiller semblable à un réseau utilisé pour griller dessus la viande, et à l’autre extrémité des pointes pour retirer la viande de la marmite ou du feu, si le cuiller est retiré, il est susceptible de contracter l’impureté du fait de ses pointes. Si les pointes sont retirées, il est susceptible de contracter l’impureté du fait du cuiller. Et de même, un stylet en métal dont une extrémité sert à inscrire [sur de la cire, par exemple] et l’autre à effacer, si le stylet est retiré, il est susceptible de contracter l’impureté du fait de la gomme [l’autre extrémité]. Si la gomme est retirée, il est susceptible de contracter l’impureté du fait du stylet, et de même pour ce qui est semblable, à condition que la partie restante puisse servir de manière similaire à sa propre fonction. Comment cela s'applique-t-il ? Un stylet dont la gomme a été retirée et il reste la pointe d’écriture, s’il reste une longueur suffisante pour atteindre les articulations des doigts, il est susceptible de contracter l’impureté parce qu’il est possible de le saisir et de l’utiliser pour écrire. Si la pointe d’écriture a été retirée et qu’il reste la gomme, si elle reste une longueur équivalente à la paume de sa main, il est susceptible de contracter l’impureté, parce qu’il lui est possible de l’utiliser pour effacer. S’il reste moins que cela [cette longueur], il est pur [non susceptible de contracter l’impureté]. Et de même pour tout ce qui est semblable.
21. Une hache dont la partie large – c'est-à-dire la partie qu’utilise le charpentier pour couper [le bois] – a été retirée est susceptible de contracter l’impureté du fait de la petite partie [plus ronde utilisée] pour fendre [le bois]. Si la petite partie [ronde] pour fendre est retirée, il est susceptible de contracter l’impureté du fait de la partie large. Si la partie en bois [où est insérée la hache] est brisée, elle est pure [non susceptible de contracter l’impureté].
22. Si le ‘har’hor [cf. § suivant pour la définition de ce terme] est détérioré, il a toujours le statut d’ustensile, à moins que la majeure partie soit retirée. Si l’extrémité [du ‘har’hor dans laquelle est inséré l’aiguillon] est brisée, il est pur [non susceptible de contracter l’impureté]
23. L’aiguillon est ce que l’on appelle malmad ; c’est un morceau de bois long et épais, et il y a une sorte de clou pointu à son extrémité supérieure, et cette pièce en fer est appelée : la pointe (darvan), et à la seconde extrémité, inférieure, une pièce en fer semblable à une lance, dans laquelle est insérée la partie en bois, et cette pièce en fer est appelée ‘har’hor.
24. Une pipette en métal qui a la forme d’un tube qui est devenu impur, dès qu’on le fixe à un bâton ou à la porte et qu’on l’attache [avec des clous] à la partie en bois, il devient pur [non susceptible de contracter l’impureté]. S’il n’est pas impur et qu’on le fixe à un bâton ou à la porte, il est susceptible de contracter l’impureté à sa place, car tous les ustensiles en métal fixés à une poutre ou au mur sont susceptibles de contracter l’impureté comme auparavant, à moins que l’on change leur fonction [dans l’objet même]. C’est pourquoi, une planche en métal de boulanger fixée au mur est susceptible de contracter l’impureté. Et de même pour tout ce qui est semblable parmi les autres ustensiles en métal fixés, qu’ils soient des récipients ou non, ils sont susceptibles de contracter l’impureté comme auparavant.