Rambam - 3 chapitres par jour
Lois sur l'idolâtrie et les traditions des gentils: Chapitre Premier, Lois sur l’idolâtrie et les traditions des gentils : Chapitre Deux, Lois sur l’idolâtrie et les traditions des gentils : Chapitre Trois
Lois sur l'idolâtrie et les traditions des gentils
Elles comprennent cinquante et un commandements, deux commandements positifs et quarante-neuf commandements négatifs, dont voici le détail :
1. Ne pas s’intéresser à l’idolâtrie.
2. Ne pas s’égarer dans les pensées du cœur et dans la vue des yeux.
3. Ne pas blasphémer.
4. Ne pas adorer [une fausse divinité] comme son culte lui est rendu.
5. Ne pas se prosterner devant elle.
6. Ne pas fabriquer d’idole pour soi-même.
7. Ne pas fabriquer d’idole, même pour une autre personne.
8. Ne pas fabriquer des formes [humaines], même en décoration.
9. Ne pas dévoyer d’autres [juifs collectivement à l’idolâtrie].
10. Brûler la ville dévoyée [à l’idolâtrie].
11. Ne pas la reconstruire.
12. Ne pas tirer profit de tous ses biens.
13. Ne pas inciter une personne à un culte idolâtre.
14. Ne pas aimer l’instigateur.
15. Ne pas réduire la haine nourrie [contre lui].
16. Ne pas lui porter secours.
17. Ne pas argumenter en sa faveur.
18. Ne pas faire taire les arguments à sa charge.
19. Ne pas prophétiser au nom [d’une fausse divinité].
20. Ne pas écouter celui qui prophétise en son nom.
21. Ne pas faire de fausse prophétie, même au nom de D.ieu.
22. Ne pas craindre d’exécuter un faux prophète.
23. Ne pas jurer au nom de faux dieux.
24. Ne pas faire [les pratiques associées au] ov.
25. Ne pas faire [les pratiques associées au] yidoni.
26. Ne pas offrir [son fils] à Molekh.
27. Ne pas ériger de stèle.
28. Ne pas se prosterner sur un sol de pierre.
29. Ne pas planter d’achéra.
30. Détruire les idoles et tout ce qui est fait pour elles.
31. Ne pas tirer profit de toutes les idoles et de tout ce qui leur sert.
32. Ne pas tirer profit des ornements [des idoles].
33. Ne pas contracter d’alliance avec les [peuples] idolâtres.
34. Ne pas leur accorder grâce.
35. Qu’ils ne s’établissent pas dans notre pays.
36. Ne pas suivre leurs traditions et leur habillement.
37. Ne pas se livrer aux augures.
38. Ne pas pratiquer la divination.
39. Ne pas faire dépendre sa conduite en fonction des astres.
40. Ne pas employer de charmes.
41. Ne pas interroger les morts.
42. Ne pas consulter un ov.
43. Ne pas consulter un yidoni.
44. Ne pas pratiquer la sorcellerie.
45. Ne pas se raser les tempes.
46. Ne pas se raser les coins de la barbe.
47. Qu’un homme ne se pare pas comme une femme.
48. Qu’une femme ne porte pas d’armes et ne se pare pas comme un homme.
49. Ne pas se tatouer.
50. Ne pas se faire d’entailles.
51. Ne pas s’arracher les cheveux pour un mort.
L’explication de ces lois se trouve dans les chapitres que voici :
Chapitre Premier
1. À l’époque d’Énoch, les hommes commirent une immense erreur, et le conseil des sages de la génération fut frappé d’hébétement ; Énoch lui-même fit partie des égarés. Leur erreur fut la suivante : « Étant donné que D.ieu » dirent-ils, « a créé ces étoiles et ces sphères pour diriger le monde, et les a placées là-haut, leur faisant honneur, et qu’elles sont des ministres qui officient devant Lui, il convient de les louer, de les glorifier, et de leur faire honneur. Et telle est la volonté de D.ieu, béni soit-Il, que l’on glorifie et honore ceux qu’Il a élevés et honorés, tout comme un roi désire que [ses officiers] qui se tiennent devant lui soient honorés, et cet honneur revient au roi ». Quand cette idée leur monta à l’esprit, ils commencèrent à ériger des temples aux étoiles, leur offrir des sacrifices, les louer et les glorifier verbalement, et se prosterner devant elles, [espérant] dans leur fausse conception, être agréés par le Créateur. Ceci fut la source de l’idolâtrie ; telles étaient les croyances des [premiers] idolâtres, qui connaissaient ses fondements. Ils ne croyaient pas en l’inexistence d’un autre dieu qu’une certaine étoile. C’est [le sens de] ce que dit [le prophète] Jérémie : « Qui ne te vénérerait, ô, Roi des nations, comme cela t’est dû ? Assurément, parmi tous les sages des nations et dans tous leurs royaumes, nul n’est semblable à Toi. Ensemble, ils font preuve de déraison et de sottise, le bois [qu’ils adorent] montre le néant de leur doctrine », c'est-à-dire tous savent que Toi seul [est D.ieu], mais leur erreur et leur sottise consistent à penser que ce vain [service] est Ta volonté.
2. Avec le temps, des faux prophètes virent le jour, et affirmèrent que D.ieu leur avait donné l’ordre de servir une certaine étoile ou toutes les étoiles, de leur offrir tels sacrifices et telles libations, de leur construire un temple, et de fabriquer leur figure , afin que tout le peuple – femmes, enfants, et le reste du peuple – se prosternent devant elle. Il [chacun de ces prophètes] indiquait la figure [qu’il avait] imaginée en son esprit, et prétendait que c’était la figure de cette étoile qui lui avait été communiquée dans sa vision prophétique. De cette manière, ils commencèrent à fabriquer des figures dans les temples, en dessous des arbres, au sommet des montagnes et des collines. Ils se rassemblaient, se prosternaient devant celles-ci, et disaient au peuple que telle figure dispense le bien [à ceux qui l’adorent] et fait du mal [à ceux qui la méprisent], et doit donc être adorée et crainte. Leurs prêtres disaient : « Par ce service, vous augmenterez et prospérerez ; faites ceci et cela, et ne faites pas ceci et cela ! » D’autres imposteurs apparurent et dirent que l’étoile même, la sphère, ou l’ange avait parlé avec eux et leur avait dit : « Adorez-moi de telle et telle façon », et leur avait enseigné son culte, disant : « Faites ceci, et ne faites pas cela ». Ainsi, [progressivement,] cette coutume – adorer des figures avec des formes de service très diverses, leur offrir des sacrifices et se prosterner devant elles – se répandit dans le monde entier. Peu à peu, le Nom révéré et redoutable [de D.ieu] fut oublié par l’humanité, et disparut des lèvres et des cœurs. Tous les gens du commun, les femmes, et les enfants, ne connaissaient plus que la figure de bois ou de pierre, et le temple de pierres, ayant, depuis leur tendre enfance, été éduqués à se prosterner devant elle, à l’adorer, et à jurer par son nom. Leurs sages, comme leurs prêtres et [hommes] semblables, imaginaient qu’il n’eût point d’autre dieu que les étoiles et sphères pour lesquelles et en représentation desquelles ces figures avaient été fabriquées. Mais le Créateur de l’univers n’était connu de personne, si ce n’est de quelques individus dans le monde, comme Hanokh, Metouchelah, Noé, Chem, et Ever. C’est ainsi que le monde erra jusqu’à la naissance du pilier du monde, Abraham, notre père.
3. Dès que ce « puissant » fut sevré, alors qu’il n’était qu’un enfant, il commença à réfléchir. Jour et nuit, il pensait et s’étonnait : « Comment est-il possible que la sphère [céleste] dirige continuellement [le monde] sans que personne ne la dirige. Et qui la fait tourner ? Il est en effet impossible qu’elle se fasse elle-même tourner. » Il n’avait pas de professeur, ni personne pour l’instruire. Il était submergé à Our Kasdim, au milieu de stupides idolâtres. Son père, sa mère, et la population entière adoraient des idoles, et lui rendait ce culte avec eux. Son esprit ne cessait de le tourmenter, et il réfléchissait, jusqu’au moment où il trouva le droit chemin, comprit la ligne de pensée correcte, et sut qu’il n’existe qu’un seul D.ieu, qui dirige la sphère, et qui a tout créé, et qu’il n’existe aucun autre dieu que Lui. Il réalisa que toute l’humanité était dans l’erreur, et [compris également] que ce qui avait rendu possible une telle erreur était le culte des étoiles et des figures, jusqu’à ce que la vérité avait disparu de leur esprit. À l’âge de quarante ans, Abraham reconnut son Créateur. Dès lors, il commença à réfuter les habitants d’Our Kasdim, et à débattre avec eux, en leur disant : « Vous ne suivez pas le chemin de la vérité ». Il brisa les figures et commença à enseigner au peuple qu’il n’est correct que de servir le D.ieu de l’univers, et que c’est devant Lui qu’il convient de se prosterner, d’offrir des sacrifices et des libations, afin que les générations futures Le reconnaissent. [Il leur expliqua] qu’il fallait détruire et briser toutes les figures afin d’éviter que tout le monde ne se trompe comme ceux-ci, qui pensaient qu’il n’y avait pas d’autre dieu que ces [figures]. Ayant fait triompher ses idées, le roi [Nimrod] chercha à le tuer. Il fut sauvé miraculeusement et émigra à Haran. Il commença à proclamer au monde entier avec une immense puissance que tout l’univers n’a qu’un seul D.ieu, et que c’est Lui qu’il convient d’adorer. Il allait de ville en ville et de royaume en royaume, appelant et rassemblant ensemble les habitants, jusqu’à ce qu’il atteignît la Terre de Canaan. [Là aussi,] il proclama [son message], comme il est dit : « et il appela là-bas au Nom de l’Eternel, le D.ieu de l’univers ». Quand les gens affluaient vers lui et l’interrogeaient sur ses dires, il répondait à chacun selon son aptitude, jusqu’à le ramener sur le chemin de la vérité. Ainsi, des milliers et dizaines de milliers se joignirent à lui, et constituèrent : « les gens de la maison d’Abraham ». Abraham implanta dans leurs cœurs cette doctrine essentielle, et composa des ouvrages sur le sujet. Il l’enseigna à Isaac son fils. Isaac l’enseigna et ramena [ainsi les gens sur le chemin de D.ieu]. Isaac la transmit à Jacob et lui ordonna de l’enseigner. Lui aussi, enseigna, et ramena [sur le chemin de D.ieu] tous ceux qui se joignirent à lui. Jacob notre père enseigna à tous ses fils, et mit à part Lévi, qu’il nomma à la tête et plaça dans l’académie pour enseigner la voie de D.ieu et garder la tâche d’Abraham. Il ordonna à ses enfants de nommer des maître successifs de la tribu de Lévi afin que cette doctrine ne soit pas oubliée. Cela continua ainsi et prit de l’ampleur, au sein des enfants de Jacob et de leurs adeptes, jusqu’à ce qu’ils devinrent un peuple connaissant D.ieu. Puis, les israélites, ayant séjourné longtemps en Égypte, récidivèrent et apprirent les pratiques de leurs voisins et, comme eux, servirent des idoles, à l’exception de la tribu de Lévi qui resta fermement attaché à la prescription des patriarches. La tribu de Lévi ne sombra jamais dans l’idolâtrie. La doctrine implantée par Abraham aurait pu, en un court instant, être déracinée, et les descendants de Jacob auraient sombré dans l’erreur et l’égarement des peuples. Mais D.ieu, par amour pour nous et pour garder le serment fait à Abraham notre père, suscita Moïse notre maître et maître de tous les prophètes, et le chargea de cette mission. Après que Moïse notre maître commença à exercer sa fonction prophétique et qu’Israël fut choisi par le Tout-Puissant comme Son héritage, Il les couronna des préceptes, et leur montra la voie de son service et comment traiter l’idolâtrie et tous ceux qui s’y égarent.
Lois sur l’idolâtrie et les traditions des gentils : Chapitre Deux
1. Le commandement relatif à l’idolâtrie consiste essentiellement à n’adorer aucune créature : ni ange, ni sphère, ni étoile, ni aucun des quatre éléments fondamentaux, ni tout ce qui est créé à partir [c'est-à-dire d’une combinaison] de ceux-ci [cf. lois sur les fondements de la Torah ch. 4 § 1]. Même si celui qui leur rend culte sait que l’Eternel est D.ieu, et adore cette créature dans le même esprit qu’Énoch et ses contemporains au commencement [de l’idéologie païenne], il est un idolâtre. C’est à ce propos que la Torah nous a mis en garde, en disant : « Tu pourrais aussi porter tes regards vers le ciel et, en voyant le soleil…que l’Eternel ton D.ieu a donné en partage à tous les peuples », c'est-à-dire : Peut-être promèneras-tu le « regard de ton cœur » [ta réflexion] et réaliseras que ceux-ci dirigent le monde, que D.ieu les a partagés pour [éclairer et diriger] le monde entier étant donné qu’ils vivent [immuablement], sans jamais se décomposer, contrairement [aux êtres du] monde. Tu penseras alors qu’il sied de se prosterner devant eux et de les adorer. À ce sujet, [l’Écriture] a ordonné : « Gardez-vous de laisser séduire votre cœur », c'est-à-dire : Ne vous égarez pas par les pensées de votre cœur en adorant ceux-ci, comme intermédiaire entre vous et le Créateur.
2. Les idolâtres ont composé de nombreux textes concernant leur culte, en quoi consiste essentiellement leur culte, quelles sont les coutumes, et quels sont les statuts. Le Saint Béni soit-Il nous a ordonné de ne pas lire ces livres, de ne pas y penser, même à un seul détail : même regarder la silhouette de la figure est défendu, comme il est dit : « Ne vous tournez point vers les idoles ». À ce sujet, il est dit : « garde-toi de t’informer de leurs dieux, en disant : comment [ces peuples] servent-ils » ; tu ne dois pas t’enquérir de la forme de ce culte, bien que tu n’adores pas [cette idole]. En effet, cela te conduira à t’intéresser à elle et à imiter leurs actions, comme il est dit : « et je ferai de même ».
3. Toutes ces interdictions [évoquées dans les deux § précédents] concernent le même sujet, à savoir ne pas s’intéresser aux cultes idolâtres. Qui s’y intéresse par un acte se voit infliger la flagellation. Ce n’est pas seulement à l’idolâtrie qu’il est défendu de s’intéresser ; plutôt, il nous est défendu de laisser monter à l’esprit toute pensée qui nous conduirait à déraciner l’un des principes fondamentaux de la Torah. Nous ne devons pas détourner notre esprit vers ceci, y penser, et se laisser attirer par les pensées [doutes] du cœur. En effet, l’esprit de l’homme est étroit, et il n’appartient pas à l’esprit de tout un chacun de saisir pleinement la vérité. Ainsi, si chacun suit les pensées de son cœur, il détruira le monde, du fait de l’étroitesse de son esprit. Comment cela ? Parfois, il [l’homme] sera attiré par l’idolâtrie [pensant qu’il y a du vrai], parfois, il aura des doutes quant à l’unité de D.ieu, [c'est-à-dire] peut-être est-Il [Un], peut-être non ? Qui a-t-il en haut [au-delà des cieux] ? Qui a-t-il en bas [en dessous de la terre] ? Qui a-t-il eu avant [la création des cieux] ? Qui aura-t-il après [à la fin des temps] ? Parfois, [ses doutes porteront sur] la prophétie : peut-être est-elle authentique, peut-être non. Parfois, [ses doutes porteront] sur la Torah : peut-être est-elle d’origine divine, peut-être non. Or, n’ayant pas la logique nécessaire pour parvenir à la vérité, il tombera dans l’hérésie. C’est contre cela que la Torah a mis en garde, en disant : « et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité », c'est-à-dire que chacun d’entre vous ne se laisse pas entraîner par son esprit étroit, pensant avoir saisi la vérité. Telle est la sentence des sages : « à la suite de vos cœurs », ceci est l’hérésie, « et de vos yeux », ceci est l’impudicité. Bien que [la transgression de] cette interdiction cause à l’homme d’être privé du monde futur, la flagellation n’est pas prévue.
4. Le commandement relatif à l’idolâtrie équivaut à tous les commandements, comme il est dit : « Si, par suite d’une erreur, vous n’observez pas tous ces commandements… » ; par tradition orale, ils [les sages] ont appris que le verset fait référence à l’idolâtrie. Tu apprends donc que quiconque reconnaît une fausse divinité nie toute la Torah, tous les prophètes, et tous les ordres que les prophètes ont reçus depuis Adam [le premier homme] jusqu’à la fin des temps, comme il est dit : « et depuis l’époque où l’Eternel l’a prescrit jusqu’à vos générations ultérieures ». Qui nie un faux dieu reconnaît toute la Torah et tous les prophètes, et tous les ordres que les prophètes – depuis Adam jusqu’à la fin des temps – ont reçus. Ceci est la base de tous les commandements.
5. Un juif qui s’adonne à l’idolâtrie est considéré comme un idolâtre en tous points, et n’est pas considéré comme un juif ayant commis une faute passible de lapidation. Un apostat par rapport à l’idolâtrie est considéré comme un apostat par rapport à la Torah entière. Et de même, les hérétiques au sein du peuple juif ne sont aucunement considérés comme des juifs. On ne les accepte jamais par le repentir , comme il est dit : « Aucun de ceux qui vont chez elle ne revient, incapable de retrouver le chemin de la vie ». Les hérétiques sont ceux qui suivent les pensées de leur cœur concernant les absurdités précédemment évoquées [§ 3], et transgressent ainsi les principaux commandements de la Torah par rébellion, dédain, la main haute, disant que cela n’est pas une faute. Il est défendu de parler avec eux et de leur répondre, comme il est dit : « n’approche pas l’entrée de sa maison ». La pensée d’un hérétique est liée à l’idolâtrie .
6. Qui reconnaît une fausse divinité, même s’il ne la sert pas, méprise et blasphème le Nom vénéré et redoutable [de D.ieu]. Celui qui sert une fausse divinité et celui qui blasphème le nom [de D.ieu] ont le même statut, comme il est dit : « et la personne qui agira avec une main haute, que ce soit l’habitant, que ce soit le converti, c’est l’Eternel qu’il outrage ». C’est pourquoi, celui qui sert une fausse divinité est pendu [après avoir été exécuté] comme celui qui blasphème, et tous deux sont lapidés. C’est pour cette raison que j’ai inclus les lois relatives au blasphémateur dans les lois relatives à l’idolâtrie, car tous deux nient l’essentiel [de notre religion].
7. Telles sont les lois qui régissent le blasphémateur : le blasphémateur n’est passible de lapidation que s’il prononce le Nom spécifique de quatre lettres : Alef-Dalet-Noun-Youd, et le maudit au nom de l’un des [sept] noms [de D.ieu] qui ne peuvent être effacés, comme il est dit : « Et celui qui prononce en blasphème le Nom de l’Eternel » ; la [mise à mort par] lapidation n’est prévue [que pour celui qui blasphème] le nom spécifique [de D.ieu], [tandis que le blasphème] des autres désignations [y compris les autres noms ineffaçables] est [simplement la transgression d’]un commandement négatif. D’aucuns expliquent que la peine [de lapidation] n’est prévue que pour [celui qui blasphème] le nom Youd-Ke-Vav-Ke ; quant à moi, je suis d’avis que la lapidation est prévue pour les deux [noms].
8. Où se trouve [dans la Torah] la mise en garde contre le blasphémateur ? Il est dit : « N’outrage pas D.ieu ». Chaque jour, lorsque les témoins sont interrogés, [la formule suivante :] « Que Yosse frappe Yosse » [est employée pour désigner le blasphème du nom de D.ieu] . Une fois le procès terminé [avant de rendre le verdict], on fait sortir tout le monde dehors, et on interroge le plus important des témoins, en lui demandant : « Dis explicitement ce que tu as entendu », et il répète [le blasphème en mentionnant le nom de D.ieu] . [Alors,] les juges se lèvent et déchirent [leurs vêtements] et ne recousent jamais [la déchirure faite]. Le second témoin dit alors : « J’ai entendu la même chose ». S’il y a de nombreux témoins, chacun d’eux doit dire : « J’ai entendu la même chose ».
9. Si un blasphémateur revient sur ses propos dans le « temps d’une parole », cela est sans effet ; plutôt, dès lors qu’il a blasphémé [le nom de D.ieu] en présence de témoins, il est lapidé. Celui qui blasphème le nom [de D.ieu] au nom d’une fausse divinité, les zélotes le frappent et le tuent. Si les zélotes ne le tuent pas et qu’il comparaît au tribunal, il n’est pas lapidé, à moins qu’il maudisse [le nom de D.ieu] avec l’un de Ses noms [ineffaçables].
10. Qui entend un blasphème du nom [de D.ieu] a l’obligation de déchirer [ses vêtements]. Même [s’il entend le blasphème d’une] des désignations [de D.ieu], il a l’obligation de déchirer [ses vêtements], s’il l’entend d’un juif. Celui qui entend [le blasphème] comme celui qui l’entend [rapporté] de la bouche de qui l’a entendu ont l’obligation de déchirer [leurs vêtements]. En revanche, celui qui entend [un blasphème] de la bouche d’un non juif n’a pas l’obligation de déchirer [ses vêtements]. Eliakim et Chevna ne déchirèrent [leurs vêtements] que parce que Ravchake était un juif apostat. Tous les témoins et juges imposent leurs mains, l’un après l’autre, sur la tête du blasphémateur et lui disent : « Tu es responsable de ton sang [de ta mort], car c’est toi qui t’es causé cela ». Seul le blasphémateur, de tous les condamnés à mort par le tribunal, se voit imposer [les mains des juges et des témoins], comme il est dit : « tous ceux qui ont entendu, appuieront leurs mains sur sa tête ».
Lois sur l’idolâtrie et les traditions des gentils : Chapitre Trois
1. Qui rend culte à une fausse divinité de plein gré est passible de retranchement. S’il y a des témoins et une mise en garde, il est lapidé. Et s’il adore [une fausse divinité] par inadvertance, il doit apporter un sacrifice expiatoire fixe.
2. Les idolâtres ont établi de nombreux cultes propres à chaque idole et à chaque figure. Ces cultes sont différents l’un de l’autre ; par exemple, Peor, son culte consiste à faire ses besoins devant lui. Merkolis , son culte consiste à jeter des pierres devant lui, ou à enlever les pierres. D’autres cultes semblables furent ainsi institués pour les autres idoles. C’est pourquoi, celui qui fait ses besoins devant un Merkolis ou jette une pierre devant Peor est exempt ; il faut [pour qu’il soit coupable] qu’il l’adore suivant son culte, comme il est dit : « comment [ces peuples] servent-ils leurs dieux, et je ferai de même ». Aussi le tribunal doit-il connaître les formes de culte, car celui qui rend culte à une fausse divinité n’est lapidé que [s’il la sert] de la manière appropriée.
3. La mise en garde contre toutes ces formes de culte et les semblables est ce qui est dit : « Tu ne les adoreras point ». Dans quel cas cela s’applique-t-il ? Pour les cultes autres que la prosternation, l’abattage [d’un animal], la combustion [d’une offrande], et l’offrande de libations. En revanche, celui qui sert une des fausses divinités par l’une ces [quatre formes de] culte est coupable, bien qu’elle [cette fausse divinité] ne soit pas adorée de cette manière. Quel est le cas ? S’il offre des libations à Peor ou abat [un sacrifice] pour Merkolis, il est coupable, comme il est dit : « Celui qui abat à un dieu autre que l’Eternel exclusivement sera mis à mort » ; or, l’abattage [d’un sacrifice] fait partie du service , pourquoi a-t-il donc été distingué [des autres formes de service] ? Pour t’enseigner que de même que [dans le cas de] l’abattage, qui est [une forme de culte] spécifique, car [elle est employée] pour le service de D.ieu, celui qui abat [une offrande] pour un autre dieu – adoré de cette manière ou non – est passible de lapidation, ainsi, si une personne rend culte, par une quelconque forme de culte spécifique [dans le sens où elle est employée pour le service de] D.ieu, à un autre dieu – adoré ainsi ou non – elle est passible de lapidation. C’est pourquoi, il est dit : « tu ne te prosterneras pas devant un autre dieu »., pour rendre passible [de lapidation] celui qui se prosterne devant une idole, même si cette dernière n’est pas adorée de cette manière. Identique est la loi pour brûler [une offrande] et offrir des libations. Faire aspersion [du sang] est équivalent à offrir des libations.
4. Même [celui qui] jette des excréments dans la bouche [d’une idole] ou verse en libation de l’urine d’un pot de chambre [à une idole] est passible [de lapidation]. S’il abat une sauterelle pour [l’idole], il est exempt, à moins qu’elle [cette idole] soit adorée de cette façon. Et de même, s’il abat un animal auquel il manque un membre pour [une idole], il est exempt , à moins que tel soit le culte [de cette idole]. Une idole adorée au moyen d’un bâton, s’il brise un bâton devant elle, il est passible [de retranchement ou de lapidation], et elle [l’idole] est défendue [à tout profit, cf. ch. 7 § 4]. S’il jette un bâton devant elle, il est passible [de retranchement ou de lapidation], mais il [le bâton] n’est pas défendu, car le fait de jeter un bâton n’est pas comparable à l’aspersion du sang, car le bâton reste le même, tandis que le sang se répand. Celui qui accepte comme dieu l’une des fausses divinités est passible de lapidation. Même s’il soulève une brique et dit : « Tu es mon dieu », ou ce qui est semblable, il est passible [ou de lapidation]. Même s’il revient [sur sa déclaration] dans le « temps d’une parole », et dit : « Cela n’est pas mon dieu », cela est sans effet, et il est lapidé.
5. Celui qui sert une idole suivant son culte, même s’il le fait de manière à mépriser [cette idole], est passible [d’un sacrifice, cf. fin du §]. Quel est le cas ? Celui qui fait ses besoins devant Peor ou jette une pierre à un Merkoulis pour le mépriser, étant donné que tel est leur culte, il est passible d’apporter un sacrifice pour [sa transgression par] erreur.
6. Celui qui adore une idole par amour, par exemple, s’éprend d’une certaine figure, parce que son culte est séduisant, ou par crainte, de peur qu’elle [cette figure] lui fasse du mal, comme ses adorateurs s’imaginent, [qu’il est en son pouvoir] d’être bénéfique et de nuire, s’il l’accepte comme dieu, il est passible de lapidation. Mais s’il la sert, par amour ou par crainte, suivant son culte, ou par l’une des quatre formes de service [susmentionnées], il est exempt [étant donné qu’il ne l’accepte pas comme dieu]. Celui qui enlace une idole, l’embrasse, balaie ou répand de l’eau devant elle, la rince, l’oint, l’habille, la chausse, [ou lui témoigne] toute autre marque d’honneur, transgresse un commandement négatif, comme il est dit : « tu ne les adoreras point » ; [en effet,] toutes ces actions sont [considérées comme une forme de] culte. Néanmoins, il ne reçoit la flagellation pour aucune [de ces formes services], car elles ne sont pas explicitement mentionnées [dans la Torah]. [Toutefois,] si le culte [de l’idole] lui est rendu par une de ces [formes de] service, et qu’il pratique celle-ci pour adorer [l’idole], il est passible [de lapidation].
7. Celui qui a une écharde qui pénètre dans son pied devant une idole ne doit pas se courber pour l’enlever, parce qu’il paraîtrait se prosterner [devant l’idole]. S’il a des pièces qui [tombent et] s’éparpillent devant [une idole], il ne doit pas se courber pour les ramasser, parce qu’il paraîtrait se prosterner [devant l’idole]. Plutôt, [dans les deux cas,] il s’assoit, et enlève [l’écharde] ou ramasse [les pièces].
8. Les visages qui servent de fontaine devant des idoles, on ne doit pas appliquer la bouche sur leurs bouches pour boire, parce qu’on donnerait l’impression d’embrasser l’idole.
9. Celui qui [fait] fabrique[r] une idole pour lui-même, bien qu’il ne l’ait pas fabriquée lui-même et ne l’ait pas adorée, se voit infliger la flagellation, comme il est dit : « tu ne feras pas pour toi une idole et toute image ». Qui fabrique lui-même une idole pour un autre, même pour un idolâtre, se voit infliger la flagellation comme il est dit : « et des divinités de métal vous ne ferez pas pour vous ». Ainsi, celui qui se fabrique une idole se voit infliger deux fois la flagellation.
10. Il est défendu de faire des formes [humaines] en décoration, bien qu’elles ne soient pas des idoles, comme il est dit : « Ne faites pas avec Moi dieux d’argent et dieux d’or » , c'est-à-dire des formes d’argent et d’or, qui n’ont qu’un but décoratif, de crainte que d’autres se trompent, et les considèrent comme des idoles. Seule la forme humaine ne doit pas être représentée. C’est pourquoi, il est défendu de faire une forme humaine avec du bois, de la chaux, ou de la pierre. [Cette interdiction s’applique] si la forme fait saillie, comme les sculptures faites dans les halls. Celui qui fait une telle forme se voit infliger la flagellation. Mais une représentation qui est gravée ou peinte, comme les portraits peints sur des supports de bois ou de marbre, ou les broderies, est permise.
11. Un anneau sur lequel se trouve un sceau avec une forme humaine : si cette forme fait saillie, il est défendu de le mettre [sur le doigt], mais il est permis de l’apposer . Et si la forme est gravée, il est permis de le porter, mais il est défendu de l’apposer [comme sceau], parce que cela crée [sur la cire] une forme faisant saillie. De même, il est défendu de représenter le soleil, la lune, les étoiles, les constellations et les anges, comme il est dit : « Vous ne ferez pas avec Moi », [ce qui est interprété dans le sens :] Vous ne ferez pas de représentation de mes serviteurs qui officient devant Moi là-haut. [Cela est défendu] même [en dessin] sur des planches. Il est permis de représenter les animaux et autres créatures, excepté l’homme, et les représentations des arbres, des herbes, et ce qui est semblable, même si cette représentation fait saillie [une sculpture par exemple].