ב"ה

Rambam - 1 chapitre par jour

Chapitre Six

Lois relatives à la conduite morale : Chapitre Six

1. Il est naturel d’être influencé, dans son caractère et sa conduite, par ses voisins et amis, et de suivre les habitudes des habitants de sa ville. Aussi convient-il de s’associer aux justes, et de toujours fréquenter la compagnie des sages, afin d’apprendre de leur conduite, et de fuir les méchants qui marchent dans l’obscurité, afin de ne pas être influencé par leurs pratiques. C’est ce que dit [le roi] Salomon : « Celui qui fraie avec les sages deviendra sage ; celui qui fréquente les sots deviendra mauvais ». Il est dit [également] : « Heureux l’homme qui ne suit point les conseils des méchants, qui ne se tient pas dans la voie des pécheurs ». Et de même, s’il vit dans un pays où les coutumes sont pernicieuses, et les habitants ne marchent pas dans le droit chemin, il doit quitter [cet endroit] pour un lieu où les gens sont justes, et suivent les chemins du bien. Et si tous les pays qu’il connaît personnellement ou dont il a ouï dire suivent un mauvais chemin, comme à l’époque actuelle, ou si les campagnes militaires ou la maladie l’empêchent de se rendre dans un pays ayant une bonne conduite, il devra vivre dans la solitude, comme il est dit : « de s’asseoir solitaire en se résignant silencieusement ». Et s’ils [les habitants de son pays] sont de mauvais pécheurs qui ne le laissent pas vivre dans le pays à moins qu’il se mêle à eux et adopte leur mauvaise conduite, il devra se retirer dans les cavernes, les buissons, ou les déserts, et ne pas suivre le chemin des pécheurs, comme il est dit : « Qui me transportera dans le désert, dans un refuge de voyageurs ».

2. Il est un commandement positif de s’attacher aux sages et à leurs disciples, afin de prendre leur exemple, comme il est dit : « attache-toi à Lui ». Or, est-il possible à l’homme de s’attacher à la Présence Divine ? Voici ce qu’ont dit les sages, en explication de ce commandement : « Attache-toi aux sages et à leurs disciples ». C’est pourquoi, un homme doit faire effort pour épouser la fille d’un érudit, et marier sa fille avec un érudit, manger et boire avec les érudits, leur donner l’opportunité de faire des affaires [en gérant leur argent], et s’unir à eux de toutes les manières possibles. Voici ce qu’ont dit les sages : « assis-toi dans la poussière de leurs pieds, et bois avec avidité leurs paroles ».

3. Il incombe à chacun d’aimer chaque juif comme soi-même, comme il est dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». C’est pourquoi, il convient de faire l’éloge [de son prochain] et de prêter attention à ses biens comme l’on prête attention à ses propres biens et d’être soucieux de son honneur. Celui qui se glorifie en humiliant un autre n’a pas de part au monde à venir.

4. Aimer le converti qui vient et entre sous les ailes de la Présence Divine est [l’accomplissement de] deux commandements positifs : premièrement, parce qu’il est inclus parmi le prochain [que la Torah nous a enjoints d’aimer], et deuxièmement, parce qu’il est un converti, et la Torah dit : « vous aimerez le converti ». [D.ieu nous] a ordonné d’aimer le converti comme Il [nous] a ordonné d’aimer Son Nom, comme il est dit : « Tu aimeras l’Eternel ton D.ieu ». Le Saint Béni soit-Il Lui-même aime les convertis, comme il est dit : « Qui aime le converti ».

5. Qui nourrit en son cœur une haine contre un autre juif transgresse un commandement négatif, comme il est dit : « Tu ne haïras pas ton frère en son cœur ». [La transgression de] ce commandement positif n’est [néanmoins] pas punie de flagellation, car elle n’implique pas d’acte. La Torah [dans ce verset] n’a mis en garde que contre la haine dans le cœur. En revanche, celui qui frappe ou injurie son prochain, bien qu’il n’en ait pas le droit, ne contrevient pas [à l’injonction] « Tu ne haïras pas ».

6. Quand un homme commet une faute envers un autre, il [la victime] ne doit pas le haïr et garder le silence, comme il est dit, concernant les méchants : « Absalon n’adressa pas une parole, mauvaise ou bonne, à Amnon, car il l’avait pris en haine ». Plutôt, il est de son devoir de l’informer et de lui dire : « Pourquoi m’as-tu fait ceci ? Pourquoi as-tu fauté de telle façon envers moi ? ». Ainsi, il est dit : « Tu réprimanderas ton prochain ». S’il se repent et lui demande pardon, il doit lui pardonner, et ne doit pas être cruel, comme il est dit : « Et Abraham pria D.ieu… » [pour le pardon d’Avimelekh].

7. Qui voit son prochain commettre une faute ou marcher dans un mauvais chemin a le devoir de le ramener au droit chemin et de lui signaler qu’il faute par ses mauvaises actions, comme il est dit : « Tu réprimanderas ton prochain ». Celui qui réprimande autrui – pour le tort qu’il lui a fait [cf. § précédent] ou pour une faute qu’il a commise envers l’Omniprésent – doit l’admonester en privé, lui parler doucement et tendrement, lui montrer qu’il ne lui parle que pour son bien pour lui permettre d’avoir accès à la vie du monde futur. S’il [le pécheur] accepte les réprimandes, très bien ; dans le cas contraire, il doit le réprimander une seconde, et une troisième fois. Ainsi, il a l’obligation de le réprimander jusqu’à ce que le pécheur le frappe et lui dise : « Je refuse d’écouter ». Qui a l’opportunité d’empêcher un mal et ne le fait pas est puni pour la faute de tous ceux qu’il aurait pu empêcher.

8. Qui adresse des réprimandes à un autre ne doit pas au début parler avec dureté et ainsi lui faire honte, comme il est dit : « et tu n’assumeras pas de péché à cause de lui ». Nos sages ont expliqué : « Nous aurions pu supposer qu’il convient de réprimander le pécheur au point que son visage change de couleur [qu’il pâlisse de honte], le verset précise donc : “Tu n’assumeras pas de péché à cause de lui” ». Nous en déduisons qu’il est défendu de faire honte à un juif, notamment en public. Bien que celui qui fasse honte à un autre ne soit pas puni de flagellation, c’est là une grande faute. Voici ce que les sages ont dit : « Celui qui fait pâlir son prochain en public n’a pas part au monde futur ». Aussi doit-on prendre garde de ne pas faire honte à autrui – jeune ou plus âgé – publiquement. On ne doit pas l’appeler par un nom dont il a honte, ni relater devant lui un fait qui l’humilie. Dans quel cas cela s’applique-t-il ? Pour [une faute commise] envers autrui. En revanche, pour [une faute commise] envers D.ieu, s’il ne se repent pas [après avoir été réprimandé] en privé, on lui fait honte en public, on publie sa faute, on le vilipende, on lui fait des affronts, et on le maudit jusqu’à ce qu’il regagne le droit chemin ; c’est ainsi que firent tous les prophètes d’Israël.

9. Si celui qui a été préjudicié par un autre ne désire pas le réprimander, ni lui adresser la parole, car le pécheur est un homme commun ou a des problèmes mentaux, et lui pardonne en son cœur, sans lui garder rancune, ni le réprimander, ceci est le trait du pieux. La Torah s’est seulement opposée au fait d’éprouver du ressentiment.

10. Il est une obligation d’être particulièrement attentif aux orphelins et aux veuves, parce que leurs âmes sont extrêmement abattues et leur esprit est bas. Même s’ils sont riches, même s’il s’agit de la veuve et des orphelins d’un roi, nous sommes mis en garde les concernant : « N’humiliez jamais la veuve, ni l’orphelin ». Comment doit-on se conduire envers eux ? On doit toujours leur parler tendrement et montrer de la courtoisie. On ne doit ni les faire souffrir physiquement par un dur travail, ni moralement par des paroles dures. Il convient de prendre soin de leurs biens plus que de ses propres biens. Qui les irrite ou les met en colère, leur fait de la peine, les tyrannise ou leur cause une perte d’argent, est coupable d’une transgression, et a fortiori celui qui les bat ou les maudit. Bien que la peine de flagellation ne soit pas prévue pour [la transgression de] cet interdit, le châtiment [du contrevenant] est explicitement mentionné dans la Torah : « Mon courroux s’enflammera et Je vous ferai périr par le glaive ». « Celui Qui a dit et le monde fut » a conclu une alliance avec [les veuves et les orphelins :] à chaque fois qu’ils crient à cause de la violence [qui leur est faite], ils sont exaucés, comme il est dit : « quand sa plainte s’élèvera vers Moi, assurément, J’entendrai sa plainte ». Dans quel cas cela s’applique-t-il ? S’ils sont tourmentés à des fins égoïstes. Mais si un maître punit [un enfant orphelin] afin de lui enseigner la Torah ou un métier ou le conduire dans le droit chemin, cela est permis. Même alors, il ne doit pas les traiter comme les autres, mais faire des distinctions en leur faveur : les diriger avec douceur et la plus grande tendresse, et avec courtoisie, qu’ils soient privés de père ou de mère, comme il est dit : « car le Seigneur prend en main leur cause ». Jusqu’à quel âge sont-ils considérés comme orphelins de ce point de vue ? Jusqu’à ce qu’ils n’aient plus besoin d’un adulte pour subvenir à leurs besoins, les éduquer, et prendre soin d’eux, et sont à même de pourvoir à tous leurs besoins, comme des adultes.

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About the book
Featuring a modern English translation and a commentary that presents a digest of the centuries of Torah scholarship which have been devoted to the study of the Mishneh Torah by Maimonides.
Au sujet de l'éditeur
Moznaim
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