ב"ה

Rambam - 1 chapitre par jour

Chapitre Deux

Lois relatives à la conduite morale : Chapitre Deux

1. Pour ceux qui sont malades, le goût amer passe pour doux, et le doux passe pour amer. Certains malades désirent des aliments qui sont inconsommables, comme la terre et le charbon, et ont une aversion pour les aliments tels que le pain et la viande, selon la gravité de leur maladie. De même, les individus dont l’âme est malade désirent et aiment les mauvais traits, haïssent le droit chemin et sont trop indolents pour le suivre, celui-ci leur étant extrêmement contraignant, suivant leur maladie. Isaïe dit de ces gens : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière et la lumière en ténèbres, qui changent l’amer en doux et le doux en amer ». À leur propos, il est dit : « qui abandonnent les droits chemins pour suivre les routes ténébreuses ». Quel est le remède pour ceux dont l’âme est malade ? Ils doivent se rendre chez les sages, qui sont les médecins de l’âme, et ils guériront leurs maladies en leur inculquant les traits de caractère [qu’ils doivent acquérir] jusqu’à ce qu’ils retournent dans le droit chemin. Concernant ceux qui sont conscients de leurs mauvais traits, mais n’ont pas recours au sage pour guérir ceux-ci, Salomon dit : « sagesse et morale excitent le dédain des sots ».

2. Comment se fait leur cure ? Celui qui est irascible, on l’exhorte à se maîtriser [de telle manière], que même s’il est frappé ou injurié, il ne ressentira aucun affront. Il devra se comporter longtemps de cette façon, jusqu’à ce que son tempérament colérique soit éradiqué. S’il est arrogant, il devra s’accoutumer à endurer l’humiliation, s’asseoir plus bas que chacun, porter des loques qui font honte à celui qui les porte, et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’arrogance soit déracinée de son cœur, et qu’il revienne au juste milieu, qui est le bon chemin. Quand il aura regagné le chemin du milieu, il suivra celui-ci durant toute sa vie. C’est de cette manière qu’il procédera pour tous les autres traits de caractère. S’il se trouve à un extrême, il devra prendre la direction de l’extrême opposé et suivre celui-ci pendant une longue période jusqu’à ce qu’il regagne le bon chemin, qui est le juste milieu dans chaque trait de caractère.

3. Il y a certains traits de caractère par rapport auxquels il est défendu de suivre le [chemin du] milieu. [Au contraire, il convient de] fuir un extrême pour l’autre. Telle l’arrogance : il ne convient pas simplement d’être modeste, mais d’être extrêmement humble. C’est la raison pour laquelle il est dit de Moïse notre maître qu’il était « extrêmement modeste », non simplement modeste. Nos sages nous ont ainsi exhortés : « Sois très, très humble ». Ils dirent également que qui est arrogant nie l’essentiel [de notre religion], comme il est dit : « ton cœur s’enorgueillira, et tu oublieras l’Eternel, ton D.ieu ». Ils ont encore dit : « Que soit mis au ban celui qui a même un brin d’orgueil ». La colère aussi, est un trait de caractère très mauvais, qu’il convient de fuir au plus haut point. [L’homme] doit s’appliquer à ne jamais être en colère, même pour quelque chose qui justifierait la colère. S’il souhaite inspirer la crainte à ses enfants et à sa maisonnée, ou à la communauté dont il est à la tête, et désire se mettre en colère contre eux, afin qu’ils amendent leur conduite, il doit faire un semblant de colère afin de les punir, tout en étant calme intérieurement, comme un homme qui mime une personne en colère sans être lui-même en colère. Les sages d’antan dirent : « Qui est en colère est considéré comme s’il s’adonnait au paganisme ». Ils dirent [également] : « Qui se met en colère, s’il est un sage, sa sagesse le quitte, et s’il est un prophète, son don prophétique le quitte ». Ceux qui ont une tendance coléreuse, leur vie n’est pas une vie. C’est pourquoi, les sages nous ont enjoints de fuir la colère au point de devenir insensible même aux choses qui provoquent la colère ; ceci est le bon chemin. Telle est la voie des justes : ils subissent l’humiliation mais n’humilient pas, ils essuient des affronts et ne répliquent pas, ils agissent par amour [de D.ieu] et se réjouissent dans les souffrances. L’Ecriture dit à leur propos : « et ceux qui L’aiment rayonneront comme le soleil dans la gloire ».

4. Il convient de s’habituer au silence et ne s’entretenir que de sujets de sagesse ou ayant trait aux besoins de l’existence. On dit de Rav, le disciple de notre saint maître [Rabbi Juda le Prince], que toute sa vie durant, il n’eut jamais de conversation futile – [genre de propos qui] constituent la majorité des conversations des gens. Il ne convient même pas de multiplier les discussions sur les besoins du corps. Ainsi les sages nous ont-ils exhortés : « Qui parle excessivement provoque la faute ». Ils dirent [également] : « je n’ai trouvé de meilleur pour le corps que le silence ». Et de même, en matière de Torah et de sagesse, les paroles d’un homme doivent être brèves, mais débordantes de sens ; c’est [cette idée] les sages ont exprimée dans leur recommandation : « Un homme doit toujours enseigner à ses disciples laconiquement ». Mais lorsque ses paroles sont nombreuses, et pauvres en sens, c’est de la bêtise, dont il est dit : « Car les songes naissent de l’abondance des soucis, et la voix du sot se reconnaît à l’abondance de ses paroles ».

5. La clôture de la sagesse est le silence. C’est pourquoi, il ne convient pas de répondre hâtivement, ni de parler excessivement. On doit enseigner à ses disciples dans la tranquillité et le calme, sans crier, et sans prolixité. C’est [le sens de] ce que dit [le roi] Salomon : « Les paroles des sages avec douceur sont écoutées ».

6. Il est défendu d’employer des paroles mielleuses et la flatterie. On ne doit pas dire une chose alors que l’on pense le contraire. L’intérieur et l’extérieur [de la personne] doivent être en parfaite conformité ; c’est ce que l’on a dans le cœur que l’on doit exprimer. Il est défendu de se jouer des autres, même d’un non juif. Quel est le cas ? On ne doit pas vendre à un non juif de la viande [d’un animal] qui n’a pas été abattu rituellement en lui faisant croire que c’est de la viande [d’un animal] abattu rituellement, ni une chaussure [faite à base de peau] d’un [animal] mort naturellement à la place d’une chaussure [faite à base] d’un [animal tué] par abattage rituel [qui est plus résistante]. On ne doit pas insister pour qu’un ami mange chez soi tout en sachant qu’il déclinera [l’invitation], ni le forcer à accepter un présent tout en sachant qu’il refusera. On ne doit pas [feindre d’]ouvrir pour lui des tonneaux [de vin] que l’on doit [de toutes les façons] ouvrir pour la vente afin de lui faire croire qu’on les ouvre en son honneur. Même une seule parole de flatterie ou de bluff est défendue. [Au contraire, on doit toujours tenir] des propos intègres, [avoir] un esprit droit, un cœur pur, immaculé de toute injustice et ruse.

7. Un homme ne doit pas se livrer à la plaisanterie et à la nargue, ni être mélancolique et morne, mais être joyeux. Telle est la sentence des sages : « la plaisanterie et la légèreté conduisent l’homme à l’impudicité ». Ils [les sages] nous ont enjoints de ne pas nous livrer au rire immodérément, sans être [toutefois] triste et morne, mais [au contraire,] d’accueillir chacun amicalement. Et de même, il ne faut pas nourrir de trop grands désirs – à la course après la richesse – ni être triste et oisif. Plutôt, il doit être satisfait [de ce qu’il a] : avoir un peu une occupation professionnelle et se dévouer à l’étude de la Torah, et se réjouir du peu qui est sa part. Il ne doit pas être querelleur, jaloux, cupide ou ambitieux. Telle est la sentence des sages : « la jalousie, la cupidité, et l’ambition retirent l’homme du monde ». En règle général, il convient de suivre le juste milieu dans chaque trait de caractère, de sorte que tous ses traits se situent au juste milieu. C’est ce que dit [le roi] Salomon : « Aplanis [pèse] avec soin le sentier que foule ton pied, pour pouvoir cheminer en sûreté ».

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About the book
Featuring a modern English translation and a commentary that presents a digest of the centuries of Torah scholarship which have been devoted to the study of the Mishneh Torah by Maimonides.
Au sujet de l'éditeur
Moznaim
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