Serres et dépôts de munitions
Jour 4 : 6 jan. 2009
Après avoir passé la nuit dans un petit immeuble, nous avons repris notre avancée avant l’aube. Le point culminant de cette avancée était la cible : capturer un dépôt d’armes. Cette cache d’armes était officiellement un ensemble d’entrepôts stockant de la nourriture et autres fournitures en boîtes. Le Hamas y stockait de fait plus de roquettes et de fusils que quoi que ce soit d’autre.
Nous avons continué à traverser la ville et avons pénétré un ensemble de serres. Partout à Gaza il y a des serres. Certaines appartenaient aux colons juifs qui ont été évacués de force. La plupart d’entre elles, cependant, proviennent d’un homme nommé George Soros. Geroge Soros est un philanthrope qui a donné des milliards de dollars pour construire des serres pour les Palestiniens dans la bande de Gaza. C’est magnifique, mais il semble que les Palestiniens n’aient pas compris que les serres n’ont une valeur que si l’on y fait pousser quelque chose. Pratiquement chaque serre que nous avons vue à Gaza était en parfait état (ou au moins l’était avant que nous arrivions). Mais elles étaient toutes pleines de mauvaises herbes. C’est quelque chose qui m’a vraiment surpris. Les Palestiniens sont censés être en train de mourir de faim et ils ont des serres pleines d’herbes folles dans leurs jardins.
De même, parce que la terre est tellement fertile et que, il n’y a pas si longtemps, des cultures poussaient ici, il y a maintenant des oignons, des pommes de terre et d’autres légumes qui pousse sauvagement ça et là. Parfois même dans le fossé. Ces oignons et ces patates nous ont procuré une manière créative d’améliorer l’ordinaire, le thon et les mini-salamis qui furent notre seule nourriture officielle pendant toute la durée de l’opération.
Nous avons pénétré une serre, pleine d’herbes folles elle aussi, avec un petit oignon solitaire. Et puis la section de démolition a commencé son bombardement. Ils ont abattu quelques immeubles et je pouvais voir des débris enflammés tomber sur le toit transparent de la serre au-dessus de ma tête. C’était comme de la grêle.
Après le bombardement initial, nous avons avancé. Nous sommes entrés dans le dépôt. À cette heure, il avait été abandonné et la plupart des armes avaient été enlevées, mais pas toutes. Nous avons trouvé une Toyota Land Cruiser flambant neuve garée près du bureau. Un véhicule qui coûte 50 000 $ au bas mot. Elle était équipée sur mesure, avec des sièges en cuir, une capote décorée aux emblèmes du Hamas et toutes sortes de gadgets et d’accessoires. Lorsque j’ai trouvé cette voiture, elle avait déjà souffert quelques dommages suite au bombardement et à la fusillade. L’un des pneus, cependant, était encore gonflé.
« Je n’ai pas fait ça depuis que j’ai quitté les États-Unis ! » ai-je annoncé tout en tirant mon couteau de commando. J’ai ressenti un plaisir spécial en entendant le sifflement du pneu qui s’affaissait.
Nous avons tous bien ri mais j’ai été rappelé à l’ordre par Captain America qui m’a dit que ce n’était pas notre but dans cette opération. « Cet endroit est déjà plein de terroristes. Ce n’est pas la peine d’en rajouter un. » Et il avait raison. Il est extrêmement important de rester professionnel et le saccage n’était pas un objectif. Mais bon, la voiture était massacrée et ils l’avaient achetée avec des fonds humanitaires. Je n’avais donc aucune mauvaise conscience.
Nous venions de terminer notre mission du jour. Nous avons continué notre progression habituelle, sécurisant maison après maison, immeuble après immeuble.
Le dépôt d’armes est devenu notre rendez-vous logistique. Cette partie de la ville deviendrait notre nouvelle base d’opérations pour les quelques jours à venir, pendant que nous attendions (comme d’habitude) que le reste de l’armée nous rejoigne et que les politiciens... fassent ce que les politiciens ont l’habitude de faire. C’est quelque chose qui m’échappe encore.
Depuis sa position sur le front de Gaza, Yared consacre quelques minutes chaque jour à nous envoyer des messages du théâtre d’opérations.